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le loup de Fraimbois

Paysannerie Lorraine, d’après Georges Chepfer, inédite à ma connaissance, ne se transmet que de Lorrain à oreille de Lorrain.

C’est une paysanne qui parle, au décours d’une noce de campagne …

Alors, Grand’Père, vous allez ben nous raconter une histoire ? Ah, mes pauv’zenfants ! Dans les temps, j’vous en aurais raconté du matin jusqu’au soir, et du soir jusqu’au mataiinn ! Mais, maint’nant, je n’sais pu ben où-ce que j’ai la tête ! J’chu com’ le loup de Fraimbois … Y-avait une fois un loup que ravageait tout dans l’pays ; les gens étaient ben dans le tracas, alleïi ! Un jour, un gaillard plus hhardi qu’les autres trouva le moyen de l’attraper tout vivant dans un pièche. Alors, le maire rassembla tous les anciens de la commune pour savoir c’qu’on pourrait ben lui faire au sapré loup-là ! Y fallait se revenger de lui. Les uns voulaient le noyer, les autres le brûler à p’tit feu, l’un lui crevi les yeux, l’autre l’écorcher tout vivant … Mais, le père Jean-Claude, le pu vieux du villache, s’approcha tout doucettement : « eh ben, qu’y dit, si c’était moi, qu’y dit, je le marierais tout de suite qu’y dit ; y serait ben assez puni comme ça, alleïi, qu’y dit ! » Ah, sapré Grand’Père, vous n’êtes guère aimable avec le beau sesque ! Mais, vous n’avez pas toujours craché dessus, à c’qu’on dit, à présent, les raisins son trop murs, pour sûr

Traduction pour les lecteurs occidentaux : Alors, Grand’Père, vous allez bien nous raconter une histoire ? Ah, mes pauvres enfants ! Dans les temps, je vous en aurais raconté du matin jusqu’au soir, et du soir jusqu’au matin ! Mais, maintenant, je ne sais plus bien où j’ai la tête ! Je suis comme le loup de Fraimbois … Il y avait une fois un loup qui ravageait tout dans le pays ; les gens étaient bien dans le tracas, allez ! Un jour, un gaillard plus hardi que les autres trouva le moyen de l’attraper tout vivant dans un piège. Alors, le maire rassembla tous les anciens de la commune pour savoir ce qu’on pourrait bien lui faire au sacré loup-là ! Il fallait se revenger de lui. Les uns voulaient le noyer, les autres le brûler à petit feu, l’un lui crever les yeux, l’autre l’écorcher tout vivant … Mais, le père Jean-Claude, le plus vieux du village, s’approcha tout doucettement : « eh bien, qu’il dit, si c’était moi, qu’il dit, je le marierais tout de suite qu’il dit ; il serait ben assez puni comme ça, allez, qu’il dit ! » Ah, sacré Grand-Père, vous n’êtes guère aimable avec le beau sexe ! Mais, vous n’avez pas toujours craché dessus, à ce qu’on dit, à présent, les raisins son trop murs, pour sûr !

Et toujours grâce à Cousine Brigitte Hellio-Caquelin, la Noce de Campagne, véritable morceau d’anthologie …