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histoires de Robert Béasse

attribuées à Robert Béasse, qui était un oncle non dépourvu d’humour, transmises par mon père Jean Roy

Le Marquis du Bouchon :

Un jour, c’était la nuit, un jeune vieillard, assis debout sur une pierre en bois, lisait son journal plié en 4 dans sa poche, à la lueur d’un bec de gaz éteint ; tout à coup, un homme, un seul s’approcha du Marquis, et lui dit « Marquis du Bouchon, si tu ne me rends pas ce que tu ne m’as pas pris, je te coupe les cheveux de ta tête chauve ».

La suite à vendredi prochain …

Il y en avait d’autres, que je vous dirai si ma mémoire revient.

visite du Museum d’histoire naturelle

C’est le guide qui parle : « Nous voici Mmes et MM dans la salle des dinosaures ; vous avez devant vous le diplodocus gigantibus, qui mesure 17,50 m de la tête à la queue et 17,50 m de la queue à la tête ; les personnes qui ne savent pas nager sont priées de monter sur les petits bancs, car l’animal va uriner … »

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un Zeppelin à Lunéville

Le 3 avril 1913, un dirigeable allemand est contraint à cet atterrissage forcé, en France, par les conditions météorologiques.

Ce jour-là, un dirigeable allemand contraint à cet atterrissage forcé, en zone sinon ennemie, du moins allant le devenir, par les conditions météorologiques.

Un siècle plus tard, alors que l’on s’apprête à commémorer le début de la Première Guerre mondiale, l’arrivée inopinée à Lunéville de ce Zeppelin, aux dimensions impressionnantes, fait sourire. Et pourtant, assure Guy Lejaille, auteur d’un livre de référence sur le sujet, on passa fort près d’un incident diplomatique majeur ; l’accusation d’espionnage pleuvant sur l’aéronef, que l’on laissera pourtant s’envoler dès le lendemain, 4 avril.

« En fait, les officiers prussiens, placés sous les ordres du capitaine Glüntz, étaient en mission pour tester ce Zeppelin IV, qui venait de sortir des usines de Friedrichshafen le 14 mars précédent. C’était le plus gros dirigeable que l’homme ait jamais conçu, le seizième de la couvée des Zeppelin. Ils avaient décollé d’Allemagne aux aurores, mais ils furent vite confrontés à des conditions météorologiques désastreuses. Du vent, beaucoup de vent, l’ennemi juré des dirigeables. Et le brouillard. Ce jour-là d’ailleurs, aucun avion n’avait pris l’air ! »

Le Zeppelin survolera la Haute-Saône et les Vosges avant d’atterrir vers une heure et quart à Lunéville dans des conditions difficiles, mais son champ de manœuvres offrait l’espace suffisant aux aérostiers pour poser leur mastodonte. Ils furent aidé par les cavaliers du 17e Chasseurs, qui amarrèrent le dirigeable avant qu’il ne devienne l’attraction du jour. Il le resta jusqu’au lendemain, le Zeppelin IV, pansé et réparé par des équipes de mécaniciens venues d’Allemagne, reprenant la voie des airs le 4 avril, en milieu de journée, pour rejoindre Metz, son port d’attache allemand. Et obtenir ainsi son homologation.

Ce n’était pas de l’espionnage, mais le dirigeable avait survolé le fort de Manonviller, et la situation géopolitique ne prêtait pas à sourire, moins encore dans notre région soumise à un légitime esprit de revanche et où étaient nombreux les Alsaciens-Lorrains ayant opté pour la France.

Une médaille de propagande frappée en Allemagne tance d’ailleurs les officiers et ingénieurs français venus visiter et photographier l’intérieur de l’engin responsable du trouble public.

En France, mais aussi à l’étranger, les cartes postales éditées à Lunéville circulèrent rapidement, tandis que les caricaturistes s’emparaient de l’affaire, qui mobilisa militaires, sous-préfet, notables, journalistes, procureur, douaniers, ambassadeurs…

[d’après Est Républicain]

Charles Roy, interprète, en conversation avec les officiers français. (photographie inédite dont j’ai un original ; le gamin en culotte courte pouvait être Pierre qui aurait 7 ans très précisément ?)

Suivent des scanner des Illustrations qui viennent de la Rue Neuve, j’ai les originaux reliés de 1902 à 1919.

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le loup de Fraimbois

Paysannerie Lorraine, d’après Georges Chepfer, inédite à ma connaissance, ne se transmet que de Lorrain à oreille de Lorrain.

C’est une paysanne qui parle, au décours d’une noce de campagne …

Alors, Grand’Père, vous allez ben nous raconter une histoire ? Ah, mes pauv’zenfants ! Dans les temps, j’vous en aurais raconté du matin jusqu’au soir, et du soir jusqu’au mataiinn ! Mais, maint’nant, je n’sais pu ben où-ce que j’ai la tête ! J’chu com’ le loup de Fraimbois … Y-avait une fois un loup que ravageait tout dans l’pays ; les gens étaient ben dans le tracas, alleïi ! Un jour, un gaillard plus hhardi qu’les autres trouva le moyen de l’attraper tout vivant dans un pièche. Alors, le maire rassembla tous les anciens de la commune pour savoir c’qu’on pourrait ben lui faire au sapré loup-là ! Y fallait se revenger de lui. Les uns voulaient le noyer, les autres le brûler à p’tit feu, l’un lui crevi les yeux, l’autre l’écorcher tout vivant … Mais, le père Jean-Claude, le pu vieux du villache, s’approcha tout doucettement : « eh ben, qu’y dit, si c’était moi, qu’y dit, je le marierais tout de suite qu’y dit ; y serait ben assez puni comme ça, alleïi, qu’y dit ! » Ah, sapré Grand’Père, vous n’êtes guère aimable avec le beau sesque ! Mais, vous n’avez pas toujours craché dessus, à c’qu’on dit, à présent, les raisins son trop murs, pour sûr

Traduction pour les lecteurs occidentaux : Alors, Grand’Père, vous allez bien nous raconter une histoire ? Ah, mes pauvres enfants ! Dans les temps, je vous en aurais raconté du matin jusqu’au soir, et du soir jusqu’au matin ! Mais, maintenant, je ne sais plus bien où j’ai la tête ! Je suis comme le loup de Fraimbois … Il y avait une fois un loup qui ravageait tout dans le pays ; les gens étaient bien dans le tracas, allez ! Un jour, un gaillard plus hardi que les autres trouva le moyen de l’attraper tout vivant dans un piège. Alors, le maire rassembla tous les anciens de la commune pour savoir ce qu’on pourrait bien lui faire au sacré loup-là ! Il fallait se revenger de lui. Les uns voulaient le noyer, les autres le brûler à petit feu, l’un lui crever les yeux, l’autre l’écorcher tout vivant … Mais, le père Jean-Claude, le plus vieux du village, s’approcha tout doucettement : « eh bien, qu’il dit, si c’était moi, qu’il dit, je le marierais tout de suite qu’il dit ; il serait ben assez puni comme ça, allez, qu’il dit ! » Ah, sacré Grand-Père, vous n’êtes guère aimable avec le beau sexe ! Mais, vous n’avez pas toujours craché dessus, à ce qu’on dit, à présent, les raisins son trop murs, pour sûr !

Et toujours grâce à Cousine Brigitte Hellio-Caquelin, la Noce de Campagne, véritable morceau d’anthologie …